Sous la pluie

Je suis là, le pays des droits de l’homme et de la femme, l’âme de l’Europe, le pays où René Descartes, Jacques Lacan, Jean Paul Sartre et mon philosophe préféré Simone de Beauvoir naquirent. Pourquoi suis-je là ? Je peux vous donner les raisons scientifiques pour répondre à cette question. Depuis que j’ai foulé le sol français pour la première fois, je suis douée pour équilibrer la dissonance cognitive qui ne me quitte plus. Au moins, c’est bien vrai, même si cela n’est pas la véritable raison.

La vérité, c’est que je suis là car je ne savais pas ce que je voulais. Mais non, cela n’est pas non plus la vérité.. La vérité, c’est que je savais ce que je voulais, mais je ne pouvais pas l’obtenir. Il n’y avait aucune possibilité de réaliser ce que je voulais. J’étais soumise aux circonstances, à la situation : je n’avais pas d’autre choix que de venir ici.  

Mais voilà.. Je suis sur la terre de Normandie. Je m’allonge sur le lit dans une résidence universitaire. Je me promène au bois vert et frais. Je regarde le ciel gris, et le soleil me manque. Je suis sous la pluie aujourd’hui. J’y étais hier, et peut-être y-serais-je encore demain. J’ai froid, trop froid. Et cela me met en colère.

Pourquoi cette contingence-là m’a forcée ? Pourquoi lui ? Pourquoi cette figure de l’autorité n’a pas voulu me laisser tranquille pour profiter des meilleurs moments de ma vie ? Je récoltais, et lui, il ne s’en ai pas rendu compte ? Il m’a retirée de ce champ plein de fleurs et de riz jaune. Et lui, pourquoi il m’a ainsi poussé ? Et pourquoi cette terre ne peut pas échapper à la pluie ? Pourquoi le soleil n’a pas des puissances ? Pourquoi il pleuvait, pourquoi il pleut et pourquoi il pleuvra ?

Mais sous la pluie, j’ai réfléchi : pourquoi j’accuse ces personnes? C’est ma vie, c’est moi qui en suis responsable. J’ai eu le choix, j’aurais pu refuser leur décision, résister à leur force, mais je ne l’ai pas fait. Tout à coup, je me voie plus clairement : j’aime me positionner comme victime. En assumant ce statut, je pourrai dire que ce n’est pas de ma faute si j’ai une vie pourrie, c’est de la faute d’autruis, c’est de leur faute. Cette réflexion m’a ouvert les yeux. Non, c’est de la faute de personne. Ce n’est pas de leur faute, ça, c’est une évidence. Ce n’est pas non plus la mienne parce que ce n’est pas une faute. C’est une décision, c’est ma décision, c’est le choix que j’ai fait, et maintenant je sais que je veux vivre ce choix.

Voilà je suis là mais cette fois-ci je vois que le ciel gris évoque mon romantisme et que le soleil est là, dans le sourire des Normandes et des Normands, dans leur chaleur qui brise leur stéréotype  et dans leur envie spontanée d’aider une étrangère. Je ferme mes yeux. Je me réjouis de la sérénité de cette ville. J’entends la mélodie du vent de Normandie, et je vois les anges danser autour de moi, me couvrir avec leurs tendres ailes blanches. Je suis sous la pluie. Elle est merveilleuse cette pluie et je me sens… fabuleuse !

J’ai écrit ce texte en 2011. Depuis, j’ai une vie magnifique, oui oui 😊

Crédit photo :

Julie Howard

https://www.organicpastels.com/beauty-in-rain.html

Révisé par Arthur V 😚

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