Une croyance persiste à s’imposer dans les esprits : un homme trompe toujours sa femme avec une femme plus jeune et plus sexy. En Indonésie, cette croyance mélangée au mysticisme et la misogynie crée l’image de la femme fatale employant une magie noire qui perturbe la vie du couple.
Cependant nous n’avons pas une image typique de l’amant. L’infidélité est socialement admise chez l’homme mais est exclu s’agissant de la femme. Toutefois, une image de l’amant ne va pas tarder à se former lorsque sera découvert de plus en plus de femmes infidèles.
Aujourd’hui lorsque l’infidélité est disséquée, ce n’est pas automatiquement l’infidélité de l’homme. Celle de la femme est également évoquée. Les sujets interrogés s’expriment de manière uniforme: « Mais aujourd’hui il n’y a pas que l’homme qui n’est pas fidèle, beaucoup de femmes ne sont pas fidèles non plus. L’infidélité des femmes devient la norme. »
Cependant, on distingue l’infidélité de l’homme et de la femme. L’infidélité selon les Français implique toujours une relation sexuelle avec ou sans sentiments chez l’homme et très souvent avec sentiments chez la femme. L’infidélité selon les Indonésiens implique toujours un rapport sexuel chez l’homme avec ou sans sentiments. L’infidélité implique toujours des sentiments chez la femme avec ou sans un rapport sexuel.
La représentation de l’infidélité de l’homme est partagée en Indonésie et en France mais non celle de la femme. Il semble que cette différence existe parce qu’il y a la liberté sexuelle chez les Françaises mais non chez les Indonésiennes. En Indonésie, le mot « sexe » est privilégié en référence aux hommes. Toutefois, l’aspect sentimental accompagne l’infidélité de la femme dans les deux pays.
Ce sont les déceptions dans le mariage, la recherche d’idéal romantique, l’esprit de rébellion lié aux fardeaux domestiques qui amènent la femme à se retrouver dans les bras d’un autre homme selon les professionnels dans cette étude.
Alors que pour l’homme, c’est la recherche de l’idéal érotique mélangé avec des sentiments de pouvoir. L’homme cinquantenaire ayant réussi dans sa carrière, se sentant prospère, cherche donc une femme plus jeune pour remplacer sa femme vieillissante. Cette jeune femme symbolise sa réussite sociale. Il y a aussi le « don juan » dont l’estime de soi se base sur le nombre de femmes conquises.
Dans la société misogyne comme celle de l’Indonésie, on blâme toujours la femme pour l’infidélité de son mari. Qu’elle ne le satisfasse pas, qu’elle se concentre plus sur sa carrière que sur son mari, qu’elle se comporte de façon très dominante, exigeante… Tout cela contribue à apporter des justifications à son mari pour avoir une relation extraconjugale.
C’est aussi pour cela que les Indonésiens ont une autre image de la maîtresse : une aide domestique soumise et serviable, car celle-ci, opposée à sa patronne dominante et exigeante, confère les sentiments de pouvoir à son patron.
Ce ne sont là que des images, des représentations admises sur l’infidélité. Elles sont ancrées, imperturbables au changement. Pourtant, certaines maîtresses ne les confirment pas et parfois les brisent.
Par ailleurs, lorsque le mari trompe sa femme avec une prostituée, la femme est libre du jugement négatif car ceux-ci sera automatiquement attribués à la prostituée. Effectivement, les sujets indonésiens précisent qu’ils voient les prostituées comme une source de conflits. Cependant, ils séparent ce comportement de l’infidélité. La prostituée est exclue de l’idée même de l’infidélité alors que pourtant une maîtresse est surnommée de « prostituée ».
L’homme ayant un fort désir sexuel non satisfaisable est toléré lorsqu’il trompe sa femme avec une prostituée. Cependant, la société indonésienne regarde ce comportement tout de même de façon négative.
Le désir sexuel est simultanément humain et diabolique. En tant que croyant, il faut combattre le diable et son cortège de tentations. Le rôle de la femme est de supporter la lutte de son mari. Elle doit devenir « une prostituée » capable de satisfaire son mari en lui administrant les techniques commandées.
Ainsi doit-elle jouer le rôle d’une épouse et d’une bonne mère mais aussi d’une prostituée pour que son mari demeure fidèle. Cette réflexion provient de la femme et est transmise aux femmes à chaque génération. Une femme dans la société patriarcale se rabaisse d’elle-même dans une soumission totale.
Cet article s’appuie sur une étude menée sur violences conjugales chez les professionnels français et indonésiens en 2014.
Détail du tableau de Nicolas Poussin «Bacchanale devant une statue de Pan» (slate.fr)
2 réponses à “L’infidélité : est-elle sexuée ? ”
Bonjour Ester,
Un article très intéressant !
Avec le temps, j’ai compris que l’infidélité pouvait se cacher derrière bien des visages.
Nous pourrions en parler pendant des heures tant les thèmes sur l’infidélité sont divers et en tout point.
Celui qui m’intéresse particulièrement et qui je crois est mentionné partiellement dans ton article, c’est l’infidélité à travers l’anthropologie.
L’analyse de la culture sous toutes ses dimensions, réflexive, comportementale, biologique, communicative et historique me parait être essentielle pour comprendre ce que j’appelle, « l’infidélité locale ».
Je te souhaite une agréable journée.
A bientôt.
Tony
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Bonjour Tony,
Merci pour ton commentaire 😊
Je suis d’accord avec toi.
Je crois que ce n’est si simple que ça, de dire que la personne est fidèle ou infidèle.
En fait, cet article s’appuie sur une étude des violences conjugales. En Indonésie, il y a quelques années, l’infidélité a été présentée comme violence psychologique.
C’était un peu chaotique; l’épouse se confronte contre la maîtresse de son mari devant le tribunal et non contre son mari. C’est vrai que c’est une autre culture que la France.
J’aime bien l’appellation que tu as donnée “l’infidélité locale”.
Bonne journée à toi 😇
Ester
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