Si nous avions pu adoucir la colère
Pour revenir sur notre itinéraire d’amour
Quand je te regardais de loin
Dans un hiver sombre et froid
Lorsque le dernier métro a passé au fond de la nuit
Et que je me perdais dans mes songes
En te regardant, toi, dans la rue en face, parler, rire, saluer,
Tu m’as captivée
Tes yeux étincelants ont appelé cette femme fragile venir vers toi
M’allonger sur ton torse qui depuis m’a apaisée
Tout cela est aujourd’hui très lointain
Toi, Arjuna qui m’a promis du bonheur
La loyauté, l’honnêteté, la sincérité,
Je me suis livrée à toi en toute confiance
Pourtant, la naïveté d’un jeune homme
L’amertume d’un père angoissé
Ont anéanti la femme qui existait
Tu l’as enterrée dans l’ignorance et la rigidité
Du principe et de l’idéalisme irréel
Il n’est resté qu’une femme épuisée, essayant de ramasser les sentiments qui traînaient
Dans les sanglots très secs, dans la saturation qui tua l’âme
Quand finalement on n’avait jamais compris
Comment on pouvait arriver à la séparation
Et que l’on s’est dit au revoir au printemps
Lorsque les fleurs fleurissent joliment
Ici dans la fureur du chagrin, pour celles que l’on aime
Nous sommes tenus de toujours nous voir
Puis on crie du sarcasme dans l’impatience
Abritant le regret rongeant le cœur
Si j’avais pu cerner le problème bien plus tôt
Si j’avais pu te caresser les cheveux et t’embrasser tendrement
Si j’avais pu le courage de me battre l’autoritarisme
Si j’avais pu faire le deuil du vieil amant
Mais je ne pouvais pas le faire par moi même; je n’en aurais jamais été capable
Parfois j’entends encore le murmure de la mélodie crépusculaire
Revivre un désir qui ne s’est jamais accompli
Je voulais danser avec toi
Tu m’as laissée le faire toute seule
Si tu avais compris à quel point cela était pénible
En vérité, mon grand, derrière la rage et la vengeance
Il s’agit d’une histoire de l’épuisement paralysante
Qui m’arrache à la féminité la plus profonde
Si tu avais su que la peine était extrêmement douloureuse
Quand l’amour et l’espoir ont été terriblement forts
Tellement forts qu’ils m’ont étouffée, tellement forts qu’ils m’ont donnée du courage
Pour enfin se lever et arrêter de supposer
Pour aimer celui devant moi qui m’a invitée à danser
Adieu, un tableau d’Edvard Munch.
Merci à Monsieur Renauld d’avoir revu ce texte.