A mon père, qui m’a fait de moi une femme libre

A toi mon père

Qui ne m’as jamais conduit à l’autel

Dont le gendre ne t’a jamais demandé la main de ta fille

Non, tu ne lui l’as jamais offerte

J’entends toujours Gibran que tu as cité : je ne t’appartient pas, je suis à moi 

 

A toi mon père

Qui m’as appris à épeler de A jusqu’à Z en calculant le théorème de Pythagore

Qui chantais Koes Plus en lisant Hugo et Pramoedya

Qui te plongeais dans Marx et Engels, 

Toi, mon père, tu m’as fait découvrir le plaisir de l’eureka, aussi succulent que le délice de la gratification différée

Je suis donc allée voir Poullain et Beauvoir, j’ai fait coucou à Mme Butler* et leur ai dit bonjour de ta part

 

A toi mon père, 

Qui as laissé sa fille tomber et pleurer afin de se redresser

Elle t’a rapproché de sa noyade dans la naïveté

Or, elle a façonné son intuition objective en quittant le Barbe bleu

 

Toi, le père qui m’a fait saisir qu’Anna Karénine ne parle pas d’un adultère,

Que Dieu n’a pas besoin d’être vénéré 

Que l’existence éphémère doit être transcendée

Que les stéréotypes doivent être brisées 

Que les moeurs ont été formées, ainsi l’on pourra les réformer

 

Aujourd’hui, mon père, ta fille a prononcé son fameux voeu à un quinquagénaire de l’Hexagone

Elle s’est enfin débarrassée de son complexe d’Electre

Dans les vieilles églises en pierres de toutes matières

Dans les charmantes chapelles perdues au milieu de nulle part

Souterraines ou sur terre, notre Mère qui êtes la terre nous a donné sa bénédiction

Et toi, tu n’es pas là mon père, je me suis conduite à l’autel

Tu ne me lui l’as pas offerte, et mon non plus

Je vous aime, toi et toi, et je m’appartient, moi 

 

🌹à mon père 🌹

PS:

J’ai fait exprès pour cet appellation Mme parce que Judith Butler est une philosophe qui parle du trouble dans le genre. 

Notre Mère qui êtes la Terre. La théologie féministe critiquent la représentation de Dieu en tant qu’homme. L’écoféminisme voit la similitude entre la terre et la femme. Certains féministes utilisent donc la glorification “Notre Mère qui êtes la Terre, au lieu de Notre Père qui êtes aux cieux. J’ai retrouvé cet expression dans le livre de Olivier Gazalé, Le mythe de la virilité : Un piège pour les deux sexes.

Illustration : Reach for the stars, a painting by Jen Norton.






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